Où est le problème?
Si le traitement médiatique de l’homosexualité laisse encore à désirer, celui de la bisexualité est quasi-inexistant. L’idée reçue selon laquelle il n’y a que deux orientations sexuelles est tenace. La possibilité d’être attiré sexuellement et/ou affectivement par les hommes et les femmes semble toujours suspecte et caractéristique d’une frénésie sexuelle ou d’une immaturité. Pourtant, être bi-e, c’est une question de désir, pas de mode de vie.
Attention, pente glissante!
«La tendance bisexuelle»
Être bi-e n’est pas une tendance, ni un effet de mode, malgré ce que voudraient essayer de nous faire croire les hebdomadaires périodiquement. C’est une identité, comme l’homosexualité ou l’hétérosexualité. A ce titre, essayons de ne pas la réduire à un marronnier journalistique pour faire frissonner le bourgeois.
«Les bi-e-s sont des homos refoulé-e-s»
Quand le chanteur Mika a annoncé qu’il était gay, certains médias ont affirmé qu’il faisait son « vrai coming-out ». C’est oublier qu’il s’est longtemps défini comme bisexuel. Il arrive aussi qu’on reste bisexuel-le toute sa vie mais l’orientation sexuelle n’est pas toujours immuable. La bisexualité n’est pas forcément une première étape vers l’homosexualité. Si quelqu’un déclare qu’il-elle est bisexuel-le, décrivons-le-la ainsi. Pourquoi décider pour lui-elle ou le soupçonner de manquer de franchise ?
«Un signe d’instabilité»
La bisexualité n’est pas synonyme d’instabilité. Pas la peine de faire des rapprochements absurdes comme on a pu le lire dans un article décrivant le procès d’un étudiant des Hauts-de-Seine, jugé pour détention d’images pédophiles. La plaidoirie de son avocat était retranscrite dans un quotidien national sans aucune analyse: «Sa mère, qu’il voit rarement, est bisexuelle. Ça ne justifie pas sa conduite, mais chez un garçon plus fragile qu’un autre, toutes ces choses peuvent avoir des répercussions.»
«Les bi-e-s sont tou-te-s libertin-e-s»
Libéré des normes sociales, le ou la bi.e évoluerait forcément dans les clubs échangistes, ne supporterait pas la monogamie, etc. Nous attendons encore les études qui nous prouveraient que les relations extra-conjugales sont plus fréquentes chez les couples de bi-e-s que chez les hétéros. En attendant, évitons de les interroger uniquement dans le cadre d’émissions consacrées au libertinage.