Publié le 6 avril 2021 à l’occasion de la Journée internationale de l’asexualité
Où est le problème ?
Encore peu évoquée dans les médias, l’asexualité a de plus en plus de visibilité dans la pop culture. La série britannique Sex Education (Netflix, 2019-2021) y a même dédié un épisode, via le coming-out asexuel d’un personnage. Cette orientation sexuelle est aussi plus connue des jeunes générations : dans une étude publiée en octobre 2020, l’association LGBT+ américaine The Trevor Project indique qu’un·e jeune LGBT+ sur 10 se situe sur le spectre de l’asexualité. Pourtant, certains médias continuent à en parler comme d’une curiosité sexuelle.
Il est très difficile d’estimer le nombre de personnes asexuelles et aromantiques dans nos sociétés, tant ces orientations sexuelles et romantiques sont peu étudiées. Selon certaines études, 1 à 4 % de la population serait asexuelle. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’elles sont quasi invisibles dans les médias.
Choisir les bons mots !
L’asexualité est une orientation sexuelle
L’asexualité est l’absence de désir sexuel pour autrui. C’est une orientation sexuelle qui ne doit donc pas être confondue avec la libido (c’est-à-dire l’envie d’actes sexuels) ou les pratiques sexuelles, seule ou avec un ou des partenaires.
Différencier orientation sexuelle et romantique
Le désir sexuel est différent de l’attraction romantique. De même que l’on peut avoir du désir pour quelqu’un sans en être amoureux·se, on peut ne pas avoir de désir sexuel pour quelqu’un et ressentir des sentiments amoureux. Les personnes asexuelles peuvent donc être également aromantiques, mais pas obligatoirement.
Les êtres humains ne sont pas asexués
Attention à ne pas confondre les termes “asexuel” et “asexué”. Une espèce est dite asexuée si elle peut se reproduire sans l’existence d’individus de sexes distincts. C’est le cas notamment de la plupart des micro-organismes. Comme le rappelle le sexologue Patrick Papazian à LCI, une personne asexuelle “a les organes génitaux et peut parfaitement avoir des rapports sexuels”.
L’asexualité n’est pas une mode
L’asexualité a été constatée dès les premières publications de travaux sur les orientations sexuelles, notamment ceux de Kinsey à partir de 1948. En revanche, il a fallu attendre la popularisation d’internet au début des années 2000 pour que les personnes asexuelles se rencontrent et définissent elles-mêmes leurs orientations sexuelles. Comme le prouve la longue histoire de l’asexualité, il ne s’agit donc pas d’une mode.
Conseils pour bien parler d’asexualité
Ne pas médicaliser
L’asexualité est une orientation sexuelle qui est à distinguer d’une absence ou une baisse du désir sexuel temporaire, suite à une maladie, un traitement ou un traumatisme. L’asexualité n’a donc pas à être « diagnostiquée », ce sont aux personnes asexuelles de se situer (ou non) par rapport à l’asexualité. Il n’y a donc pas de raison d’interroger uniquement des médecins dans vos articles.
Interroger des personnes asexuelles
En l’absence de spécialistes du sujet en France, les personnes asexuelles sont les plus à même de vous expliquer ce qu’elles vivent. Leur donner la parole permet de mettre en avant la grande diversité des profils : certaines ont une vie sexuelle active, d’autres ressentent un dégout de la sexualité, certaines sont aromantiques, d’autres homo, bi ou hétéroromantiques, etc. En les écoutant, vous pourrez aussi trouver des idées de sujets plus anglés sur la sexualité.
Sortir de la sexualité
L’asexualité est généralement traitée comme un sujet “sexo”. Pourtant, comme toutes les orientations sexuelles, l’asexualité ne se limite pas à du désir et des pratiques sexuelles. Elle influence la construction de soi, le rapport aux autres, le rapport au corps. Comme le montre bien cette enquête de Têtu, elle peut rendre la socialisation difficile et rend plus vulnérables aux agressions sexuelles. L’asexualité est aussi un enjeu politique et culturel. Les militant·e·s asexuel·les se mobilisent pour plus de visibilité, l’accès aux modes de procréations médicalement assistées et questionnent les normes sexuelles dans notre société.
Rendre visibles les personnes asexuelles dans tous vos articles
Dans vos articles sur la sexualité et l’amour romantique, évitez de partir du principe que toutes les personnes ont du désir sexuel. La répétition de phrases comme “tout le monde se souvient de sa première fois” peut générer un sentiment d’exclusion et d’anormalité chez les personnes asexuelles.
Pour rendre visible les personnes asexuelles et aromantiques, vous pouvez utiliser l’acronyme LGBTQIA ou LGBT+ dans vos articles.
Pour aller plus loin…
Aven (Asexual Visibility and Education Network) qui dispose d’un chapitre francophone
Ava (Association pour la visibilité asexuelle)
Ace: What Asexuality Reveals About Desire, Society, and the Meaning of Sex d’Angela Chen, aux éditions Beacon Press
Le podcast “Des nouilles et des queues” sur les asexualités
Le wiki sur l’asexualité