Aux Etats-Unis, une association de journalistes gays et lesbiennes existe depuis 1990. Les centaines de membres de la National Lesbian and Gay Journalists Association (NLGJA) se donnent pour mission d’« améliorer la couverture médiatique des questions LGBT ». En France, il ne nous était pas paru nécessaire, à nous, journalistes gays et lesbiennes, de créer une telle structure. Ces derniers mois ont changé la donne.
Le traitement médiatique du projet de loi sur le mariage pour tous nous a très souvent interrogés. Propos caricaturaux publiés sous la plume de confrères et consœurs dans leurs éditoriaux, espace et temps disproportionnés accordés à des opposants à la loi explicitement homophobes sur les antennes télé ou dans les pages de magazines etc. : tout s’est passé comme si l’homophobie était une simple opinion, et non un délit. Comme si offrir une tribune aux homophobes, sous couvert de vouloir garantir un traitement “équilibré” du sujet, ne légitimait pas ces propos haineux. Comme si, au fond, la discrimination envers les homosexuel.les était plus acceptable que celle qui touche d’autres minorités.
Nous sommes persuadé.e.s qu’il faut s’élever à chaque fois que des propos injurieux et discriminatoires à l’encontre des homosexuel.le.s et des transsexuel.le.s sont publiés dans un média sous couvert de “débat”. Nous sommes aussi convaincu.e.s qu’un travail de pédagogie doit être mené sur le traitement médiatique des questions spécifiques touchant les LGBT, pour éviter notamment l’écueil des préjugés et des clichés. Il ne s’agit pas faire le procès des médias, encore moins de devenir des sortes de censeurs LGBT faisant la leçon à nos confrères et consœurs. Mais de les aider à traiter ces questions souvent méconnues, d’opérer une veille sur le traitement de ces sujets par les rédactions, d’intervenir ou d’alerter quand nous le jugerons nécessaires. Et, au passage, de contribuer à la visibilité des personnes LGBT dans l’espace public.
Nous avons donc décidé de créer l’Association des journalistes LGBT (AJL). Certains vont évidemment nous faire le procès du communautarisme. Ou voir en nous l’expression de ce fameux “lobby gay” qu’ils fantasment à longueur de journée. Nous n’en avons cure. Le dernier article posté à la une du site de la NLGJA américaine s’intitule «Nous rappelons aux journalistes l’importance d’accorder un traitement juste et rigoureux à la couverture du mariage pour les couples de même sexe». C’est de là que, modestement, nous partons, avec la volonté d’affirmer notre présence sur l’ensemble de ces questions lorsque leur traitement se révélera défectueux. Nous invitons tous les journalistes LGBT soucieuses et soucieux de ces questions à nous rejoindre.
Premier.e.s signataires : Lucas Armati, David Belliard, Alice Coffin, Sylvain Dépée, Xavier Héraud, Emilie Jouvet, Marie Kirschen, Marie Labory, Elisabeth Lebovici, Hugo Lindenberg, Mathieu Magnaudeix, Joël Métreau, Veronica Noseda, Fabien Randanne, Charles Roncier, Judith Silberfeld, Dominique Thiéry, Tatiana Potard, Tom Craig, Alain Miguet, Fabien Darbois, Julien Massillon, Mathieu Brancourt, Chriss Lag, Jérome Pasanau, Raoul Mbog, Didier Roth-Bettoni, Jérémie Patinier, Patrick Edouard, Franck Finance-Madureira, Jeanne Mascitti, Marjorie Micucci, Cyril Thomas, Xavier Marquet, Hélène Hazera, Charlie Vandekerkhove, journalistes, photographes, indépendant(es) ou membres des rédactions de 20 Minutes, Alternatives Economiques, Arte, le Journal du sida, Mediapart.fr, NEON, VIH.org, Yagg.com, Slate Afrique, Poptronics, France Culture, TV5MONDE..
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